Championnats du monde 2015 – Cyclisme sur piste – Les seigneurs de l’anneau – Partie 1
Avant je n’y connaissais rien en vélo sur piste, mais ça …c’était avant !
Depuis ce 20 février 2015, j’ai fait un bond dans ma culture du cyclisme et je pourrais même dire que j’ai fait le grand saut la tête dans le guidon…
Hormis Florian Rousseau et le baptême offert à mon chéri pour des tours de piste au tout récent vélodrome de Saint Quentin , je peux avouer que ce monde sportif m’était complètement inconnu.
Le sprint, l’ommium, la poursuite, le contre la montre, ou le keirin ne m’évoquaient pas grand-chose ou rien peut-être ?
Seule la passion de mon homme pour cette activité m’avait interpellée, et m’avait décidée à lui prendre comme cadeau de Noël des places pour les championnats du monde qui se déroulaient durant 5 jours, justement au vélodrome national de Saint-Quentin en Yvelines, à deux pas de chez nous.
Ne pouvant décemment pas le laisser aller seul à cette manifestation d’envergure internationale, je me lançais à prendre 2 journées complètes pour nous deux, et l’accompagnerai donc durant ces championnats.
N’y connaissant rien, j’avais pris un peu au hasard le vendredi et le samedi, sans comprendre tout ce programme avec diverses courses prévues, et qui restaient pour moi un charabia sans nom ! J’espérais surtout ne pas m’être plantée sur mon choix bien aléatoire.
Bref, nous avions nos places pour assister aux championnats du monde 2015 de cyclisme sur piste, et je crois bien que mon homme était tout heureux de ce cadeau.
20 février 2015
Depuis la veille, je cogite un peu. J’ai jeté un dernier coup d’œil sur le programme, et je comprends que j’ai intérêt à apprécier le spectacle, car les épreuves s’enchaînant sans interruption ou presque, cela veut dire que nous serons dans les tribunes 8 heures par jour pendant ces deux journées !!
Si vous comptez bien (et moi aussi), cela fera donc 16h à devoir regarder un sport où, je le répète, je n’y connais absolument rien, c’est beau l’amour non ??
Dois-je prendre une aspirine ? Un bon bouquin ? Une encyclopédie sur le vélo et tout ce qui tourne autour ?
Rien, je ne prends rien et le pire, c’est que curieuse comme je suis, je suis impatiente d’y aller.
13h00
Nous pénétrons dans l’enceinte du vélodrome, passage obligé par la sécurité due au plan Vigipirate, puis drapeaux et maquillages tricolores offerts par l’organisation, nous prenons enfin place dans notre tribune 225, face à la ligne de départ (qui est aussi celle de l’arrivée, puisque c’est une boucle !).
La chaleur est intenable, il fait 28° près de la piste, et nous nous retrouvons habillés de notre seul tee-shirt aux couleurs de la France pour encourager les sportifs représentant nos couleurs !
Sans le vouloir, nous sommes entourés des fans-clubs des différents champions Français, à notre gauche, celui de Thomas Boudat, dit « la Boud », fervent public déchaîné, avec perruques et pancartes à l ‘effigie de leur idole…
Un peu plus loin, à notre droite, celui de Grégory Baugé, et encore un peu plus loin celui de François Pervis…
A part ce dernier, autant vous dire que ces noms ne me parlent pas du tout, je me révèle vraiment une grande ignorante en la matière, j’aurais peut-être dû réviser un peu mes gammes avant de venir, vilaine élève que je suis !
Mais je m’imprègne rapidement de l’ambiance environnante, Domi m’explique les bases, les différentes épreuves auxquelles nous allons assister dans l’après-midi, et tout me va bien.
Nous croisons Florian Rousseau, l’idole olympique de mon chéri, et nous en profitons pour lui réclamer une pause photo pour immortaliser l’instant !
Je connais par coeur mon homme, et, à son sourire de gamin, je sais à quel point il est ravi de poser auprès de ce grand champion mondial et olympique.
Le speaker annonce le début de ces championnats du monde, et cela démarre par les qualificatifs pour le sprint féminin, appelé également vitesse, terme auquel je préférerai duel, tant le suspense monte en puissance lors de cet affrontement entre deux adversaires.
Le DJ y ajoute la musique qui accompagne l’intensité de cette course, les deux sportives, partent doucement, quasi à l’arrêt, la seconde n’a pas le droit de dépasser la première, elles se toisent, se jaugent, la première se retourne sur sa poursuivante, roue dans roue, regard dans regard, Hitchcock n’a qu’à bien se tenir…
J’adore !
Cette épreuve se mesure sur 200 mètres, autant vous dire que si le démarrage part souvent sur un rythme très lent, tout s’accélère d’un coup, la puissance se met à parler, tout comme la vitesse impressionnante de ces candidates au titre de championne du monde.
Nous encourageons haut et fort toutes ces sportives de haut niveau, aux cuissots plus que musclés et aux fessiers particulièrement développés.
Le vélodrome vibre à chaque tour de piste, et c’est une ovation grandissante qui accompagne jusqu’à la ligne d’arrivée la meilleure des deux.
Vient ensuite l’omnium et le 15 km toujours féminin, nous suivons le début de l’épreuve, mais la chaleur aidant, et au prix des efforts que nous fournissons à supporter tous ces concurrents, il est temps de s’hydrater, je prends donc la direction de la buvette et des piliers de bar…
Domi est resté à garder nos places précieusement, et je patiente derrière cette longue ligne d’assoiffés. Je fais connaissance avec deux messieurs avec qui l’on se taquine sur cette bière qui se mérite tant, et ils me branchent sur le fait que je devrais plutôt porter un maillot « Gregory Baugé » au lieu du tricolore que je porte fièrement.
Je n’ai pas tilté, mais l’un des messieurs est en fait le papa de Greg, le géniteur en personne de ce champion (dont je viens juste d’apprendre le nom je vous le rappelle..). Je suis enchantée de faire la connaissance de ce Guadeloupéen au sourire charmant, et pressée de faire la surprise en l’emmenant voir Domi pour que l’on trinque ensemble.
Mais mon homme reconnaît immédiatement le physique complètement identique à celui de son fils, et je n’ai même pas la peine de faire les présentations !
On parle comme de vieux amis, sur les performances de Grégory et des possibilités de médailles d’or dans les prochains jours au vélodrome, ce n’est pas tous les jours que l’on discute du bout de gras (pardon du bout de muscle), avec le père d’un champion titré 9 fois mondialement !
Une bien belle rencontre autour d’une simple bière au goût de médaille.
Nous retournons nous asseoir à nos places, nous avons certes un peu raté le 15 km, mais les 1/8e de finale vitesse femmes sont déjà prêts.
Comme il n’y a plus de Françaises dans cette épreuve, nous avons jeté chacun notre dévolu sur deux concurrentes dont nous ignorons le palmarès : ce sera Elis Ligtlee la Hollandaise bien charpentée pour Domi, et pour moi, Kristina Vogel, une petite Allemande au doux nom d’oiseau qui me plaît bien (seuls les germanophiles comprendront…).
Nous tenons les paris sur nos « pouliches », et nous amusons à guetter les performances de nos nouvelles idoles !
Les deux se qualifient pour les 1/4 de finale, qui auront lieu ce soir, et nous sommes ravis.
Les hommes entrent enfin en piste pour l’omnium et la poursuite sur 4 km, nous réalisons l’ampleur de l’amour du public pour le petit Boudat, le vélodrome hurle, trépigne, agite drapeaux et fanions, à chaque passage, c’est une déferlante d’applaudissements qui porte littéralement ce jeune adulé !
Pris dans la folie du vélodrome, nous crions à en perdre la voix « Allez Thomas !! » !
Il termine 3e en sachant qu’il reste d’autres épreuves dans cette sorte de décathlon à pédales, il peut encore viser le podium pour le lendemain.
Depuis le début, nous nous régalons également du manège des entraîneurs de chaque nation sur la piste, c’est un vrai spectacle à savourer sans modération.
Il y a cette osmose entre le coach et son coureur concentré qui me fascine, en équilibre la main sur l’épaule de son entraîneur, un dernier mot, une dernière consigne, le coureur partage avec lui cette ultime seconde avant le départ.
Il y a aussi ces codes, des signes, des regards, des gestes, le Chinois qui s’agite, l’Irlandais qui brasse, le Russe qui observe, le Grec qui crise…
Tous armés d’un chrono plus ou moins moderne, il n’y pas de guerre, juste de la saine rivalité à titre sportif.
Depuis que j’ai rencontré le papa de Grégory Baugé, je suis impatiente de voir à l’œuvre son fiston…Le voici enfin qui arrive tout sourire pour en découdre avec ses qualificatifs sur le départ lancé.
Effectivement la ressemblance est frappante, c’est la même bouille et il m’a l’air vraiment tout aussi sympa !
L’ambiance est aussi folle que lors de la course de Thomas Boudat, Grégory est un champion connu et reconnu, et il a envie de montrer à ce public tout ce dont il est capable à ces championnats du monde à domicile.
Il survole littéralement l’épreuve et se qualifie haut la main pour la suite !
Cela ressemble fort à un chemin vers la médaille…
Je ne vous parlerai pas de la poursuite individuelle qui s’ensuit, car cela ne me séduit pas, et je décroche complètement, je n’ai pas dormi, mais je n’en garde aucun souvenir.
La rapide pause du soir est bienvenue. Nous quittons la chaleur torride du vélodrome pour nous précipiter sous la pluie du dehors et aller manger vite fait un hamburger, car il n’est pas question de louper la suite des événements…
19h00
Tout le public attend ce moment, LE moment…
Le fameux kilomètre contre la montre ou François Pervis a ses chances de médaille !
Les concurrents défient un par un le chrono fatidique, certains sont dans une forme inébranlable, d’autres subissent la pression, Pervis sort de sa bulle et le dernier du sas central, son tour va arriver.
Le brouhaha de la foule spectatrice laisse deviner que tous avaient les yeux braqués sur lui, braqués ou braquets je ne sais plus !
Cela s’agite, François le Français entre en piste…
Concentré, le visage fermé, le monde retient son souffle.
Le compte à rebours peut démarrer sa petite chanson lancinante, vous connaissez tous ce refrain avant chaque épreuve de ski ou de bobsleigh par exemple…Tut tut tut…Tuuuuuut…
C’est parti !
Il démarre en trombe, ne laisse pas une seule seconde de chance à ses adversaires, il est premier au premier passage, premier au temps intermédiaire, la foule est debout, complètement acquise à ce champion qui vaudrait bien de l’or.
Tout paraît long et si court à la fois.
1 km, un tout petit kilomètre, 1 000 mètres à pédaler tel un forcené qui ne devrait sa survie qu’une fois cette terrible boucle terminée !
C’est une véritable Ola de cris qui accompagne François, un bruit énorme qui court comme une vague sans jamais se fracasser !
Et lorsqu’il franchit la ligne de fin, que le chrono indique le temps, et la place de vainqueur, c’est un vélodrome entier qui explose, qui exulte, qui rit, qui pleure, acclamant son magnifique champion du monde…
C’est tout simplement un moment de complicité énorme entre le public et François Pervis qui soulève son vélo, comme pour nous l’offrir en remerciement de notre soutien infaillible.
L’émotion est palpable, une fierté chauvine bien placée nous a envahis, tout comme l’honneur et le respect face à ce magnifique champion.
L’instant qui va suivre est un véritable privilège, la remise des médailles, le podium, la levée des drapeaux…
Et c’est une Marseillaise chantée haut et fort qui retentit dans l’enceinte du vélodrome.
Nous ne serons pas prêts d’oublier l’unisson et le chœur de tous ces gens heureux et fiers, le bonheur dans les larmes du regard de Pervis…
C’était mon tout premier hymne pour une médaille d’or, et je te remercie François, de m’avoir fait vivre un tel moment.
Nous redescendons sur piste, sur terre car la soirée continue ensuite avec le 40 km hommes, et surtout la vitesse dames qui permet à nos deux favorites Kristina et Elis de se qualifier pour les épreuves finales du lendemain.
L’apothéose arrive avec l’omnium des hommes et l’épreuve de course à l’élimination…
Un truc de malades qui met en transe encore tout le public !
Les coureurs s’élancent ensemble, groupés, et après chaque sprint, le dernier qui franchit la ligne d’arrivée (et on ne compte que sa roue arrière), est éliminé.
Le Français Thomas Boudat nous tient en haleine après chaque élimination des autres participants, il reste en course, et le suspense augmente, les spectateurs encore toute à leur joie pour Pervis, sont de nouveau aux anges avec cette épreuve.
Après des tours et des tours, ils ne sont plus que deux, l’Italien Viviani et notre petit Français !
Le public est debout, encore et toujours, les drapeaux tricolores en action, et les cordes vocales déployées à fond pour encourager Thomas…
Mais il devra se contenter de la seconde place, à une roue près, eh oui…Ce qui le conforte malgré tout à une 3e place de cet omnium loin d’être fini.
Cette première journée est terminée, nous pouvons aller nous reposer pour une nuit réparatrice !
Si vous voulez la suite dans un prochain épisode, n’hésitez pas à le réclamer !
Album 2015-02 – Vélodrome – Championnat monde – Saint-Quentin-en-Yvelines
Commentaires version précédente
7 avril 2015 à 19h10min -par Benoît MASSIRE
Euh… j’peux lever le doigt pour réclamer la suite ?
Merci Sandrine pour ce beau récit plein d’émotions.
2 mars 2015 à 14h26min par Gégé
au tout début de la lecture de cet article, mes pulsations cardiaques était de l’ordre de 60 à la minute. Au fur et à mesure de la lecture elles se sont accélérées pour finir aux alentours de 140. Bien que j’attende la suite avec impatience, je n’en suis pas pour autant rassuré. Connaissant les résultats pour chacune des épreuves mais aussi ton talent d’écriture pour les faire revivre, J’ai peur pour ma santé. Je t’en prie Sandrine, pense à tes vieux lecteurs.
2 mars 2015 à 15h35min par Dominique
Bravo Gégé, 60 battements à la minute, puis seulement 140… Tu as un cœur de jeune homme, et je n’en suis pas surpris.