Trail des Templiers 2004
Les templiers 2004 n’était pas un objectif. Cette épreuve venait juste ponctuer 9 semaines de préparation en vue des raids hivernaux qui s’annoncent. Mon objectif reste le raid28 et le raid Normand.
Je souhaitais simplement terminer cette course dans les délais, profiter de la fête, des paysages, partager ces moments avec les copains, et me rassurer sur ma préparation.
En début d’année, j’étais convaincu ( et cela s’est confirmé) que c’était une connerie de faire les templiers 2 fois de suite. Même s’il est difficile de rester sur un semi-échec, je pense que nous avions tout le temps pour y revenir, mais devant l’insistance des copains …
Tout allait bien jusqu’au dimanche soir et puis un grain sable est venu enrayer la mécanique. Depuis ce jour, je ne dors plus ou peu, je suis épuisé nerveusement et moralement, à tel point que je me demandai encore jeudi soir, s’il était judicieux de me rendre à Nant.
Finalement, j’ai décidé de courir mais le cœur n’y était pas. Il fallait pourtant que je me change les idées et c’était sûrement une bonne opportunité.
Il est 5 h 15, la farandole des voitures se dirigeant vers Nant a commencé. On les devine sillonnant les pentes dans le brouillard. Cabrel chante bonne nouvelle à la radio. Nous sommes sept à prendre le départ, tous animés par l’envie de terminer.
Quelques encouragements avant le départ, les dernières blagues, quelques minutes de silence, la musique d’Era, les flambeaux et le départ est donné. Nous sommes 2000 à nous élancer.
Je me suis fixé quelques règles avant de partir.
- Ne pas me disperser
Rester concentrer sur la foulée,
Regarder où je pose les pieds pour éviter l’accident stupide.
Courir prudemment jusqu’à Dourbies sur une fréquence cardiaque moyenne de 140.
Atteindre ce ravitaillement avant 11 heures
Et me laisser ensuite porter jusqu’à l’arrivée par mes émotions et le plaisir de courir.
Je suis dans le bon rythme dès le départ, juste un peu plus rapide que le gros de la troupe, ce qui m’évite les piétinements et les petites attentes devant les premières difficultés.
Le spectacle est magnifique, j’adore ces moments de course dans la nuit et voir ce défilé de frontales devant et derrière nous. La journée s’annonce belle…
Il fait nuit, il y a du brouillard en altitude mais il ne fait pas froid, ce sont presque les conditions idéales, mais difficile d’apercevoir nos supporters postés sur la route.
8 h 09 Sauclière. Il y a foule dans ce petit village. C’est impressionnant et ça fait chaud au cœur. Pas de pause, en route maintenant vers le St Guiral en moins de 2 heures.
Les premiers textos d’encouragement tombent au grès du réseau. Ils me font du bien, et je contrôle (encore) mes émotions.
Le paysage attendu n’est pas visible, il est là sûrement derrière cette brume qui cache tout. Dommage !!!
L’allure est facile, le parcours a changé depuis l’année dernière et je le trouve plus agréable. Tout va pour le mieux jusqu’aux petites alertes gastriques. J’ai mal au ventre, aux côtes, une sensation de ballonnement désagréable et incompatible avec la course.
Je vais ralentir l’allure tant pis pour les délais souhaités. Je vais patienter un peu, me refaire tranquillement une santé et espacer les prises de glucose.
J’arrive finalement dans la facilité vers 11h20 à Dourbies.
La foule est là encore pour nous accueillir, je suis impressionné. L’année dernière il faisait si froid que le village en était désert.
10 minutes maxi d’arrêt pour s’alimenter autrement et sobrement, refaire le plein de la poche à eau, converser et partager un peu de notre bonheur avec Pascal (notre supporter) et retrouver Thierry. Nous finirons la balade en semble.
A partir de maintenant, je vais courir autrement, adieux les émotions espérées, je sais que sauf accident je vais terminé cette course, mais pas comme je l’aurai souhaité. Je vais gérer les difficultés les unes après les autres à l’économie, à l’écoute de mon système digestif devenu capricieux. A commencer par la redoutable montée vers le Suquet et la fameuse descente vers Trêves, celle qui m’avait ruiné mes dernières forces l’année dernière.
Pendant les heures qui vont suivre, je vais m’appliquer à monter et descendre tranquillement en ne sollicitant pas ou peu mes articulations, en essayant de mettre en application ce que j’ai pu lire sur les techniques de descentes et montées, après l’ultra-trail du Mont-blanc, éviter les chutes sur des pierres devenues glissantes, continuer à lire les textos d’encouragement, pester après tous ces coureurs qui abandonnent leurs déchets sur le parcours, être émerveillé par toute cette foule sur le parcours.
15 h 30 St supplice – dernière barrière horaire – C’est gagné ou presque. Une dernière montée sur le roc nantais, une descente sur Nant que je ne connais pas, puis une bière et peut-être deux. J’ai hâte d’en terminer car cela fait un petit moment que je m’ennuie, il n’y a pas ou plus de surprise. Je pense à mon prochain raid. « Cours tranquille Domi, dans un peu plus d’un mois tu recommences, inutile de s’épuiser, gère, « voilà c’est mon leitmotiv sur cette fin de parcours. La montée vers le Roc est ennuyeuse la descente tout autant.
Nous allons reprendre une foulée normale à l’entrée de Nant, par respect pour tous ces gens qui sont venus nous encourager et voir des coureurs.
Pascal est là, toujours aussi enthousiaste. Il est 17h47, le circuit est bouclé en 11h17.
Sur le groupe, 5 sur 7 sont à l’arrivée, seul Philippe a abandonné sur blessure. Manque à l’appel, François et surtout Christian dont on a aucune nouvelle depuis ce matin.
18h00 environ, François arrive au sprint pour finir sous les 12 heures. Je suis content, j’espère qu’il ne m’en voudra pas trop de l’avoir embarquer dans cette aventure.
Reste Christian, son portable ne répond pas, sa voiture est toujours là et la nuit est tombée. On aperçoit dans la descente du roc nantais quelques frontales. Je peste un peu. J’étais persuadé que les organisateurs avaient eu raison de nous éliminer l’année précédente pour des raisons de sécurité. Quand je vois toutes ces lampes dans la pente devenue glissante par l’humidité je me dis que c’est n’importe quoi ! Et pourtant, on espère que Christian fait partis de ces valeureux finishers.
13 heures de course. Il est là. L’équipe est de nouveau complète, fatiguée, pressée de se doucher, de déguster une bière et de nous raconter nos exploits.
Je suis satisfait d’avoir terminé, mais déçu par ma balade, j’ai couru à l’économie, sans passion, en m’ennuyant un peu. Mais bon je n’étais pas non plus dans les meilleures conditions psychologiques pour aborder cette épreuve, il y aura des jours meilleurs. Mais c’est sûr je n’y serais pas l’année prochaine.
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