Bonne et heureuse année 2013
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas couru dans l’obscurité du petit matin. Pas par manque d’envie, mais j’avais jusque là préféré traîner un café à la main devant la télé, Internet, ou un magazine, en me grattant les c…. en attendant que le jour se lève vraiment.
Allez savoir pourquoi, aujourd’hui, l’envie était sûrement trop forte.
Il ne fait pas froid en cette fin d’année, juste un vent frais et une lune à peine voilée qui me promet une belle balade en forêt.
Mes premières foulées se font dans une ville encore endormie, aux rues désertes. Je navigue de chaussées, en trottoirs jusqu’au premier passage encore plongé dans un noir profond.
J’ajuste mon sac à dos et règle le faisceau de ma frontale. Un halo ni trop près, ni trop loin, adapté à mon allure de sénateur. L’obscurité me happe et mon esprit s’évade dans ce chemin qui semble mener nulle part. Que l’aventure commence.
Son grognement m’a fait sursauté. Il m’avait flairé et vu depuis longtemps. Il attendait juste le bon moment pour se signaler.
Il est là, devant moi, à deux mètres tout au plus, dominant un talus.
Sa silhouette se dessine parfaitement et ne laisse aucun doute. Je devine presque la bave qui s’échappe de sa mâchoire puissante. Je suis la cible d’un rottweiler. Je me sens soudain petit, minuscule. J’aimerai tant être ailleurs, un café à la main à glander sur Facebook.
Je devine son regard menaçant, et les oreilles pointées vers l’avant lui confèrent encore plus de puissance. La corde qui le retient est tendue à l’extrême et les deux bras accrochés semblent s’arracher d’un corps arc-bouté. Visiblement le propriétaire ne maîtrise pas plus que moi la situation.
Le temps semble suspendu.
Il y a quelques mois, j’avais déjà rebroussé chemin. A la lumière du jour, j’avais repéré sa présence musclée. Il trônait libre et non muselé au milieu du chemin. Nos regards s’étaient déjà croisés et j’avais baissé les yeux.
Ce matin, il est trop tard pour faire demi-tour. Je me sens si seul et si con avec ma loupiote sur le front.
Je décide de maintenir mon cap, mon allure. Ne pas se retourner, ne rien dire, n’esquisser aucun geste brusque pouvant être interpréter comme une agression.
Je m’enfonce plus encore dans ce chemin sinistre et abandonné. Je me sens à l’étroit dans ce long tunnel, coincé entre un talus et une clôture infranchissable. A chaque pas, je sens son regard me transpercer le dos et à l’affût de mes moindres gestes.
J’aperçois mon salut, un virage dans quelques mètres pour disparaître de sa vue, et faire retomber cette tension.
A l’amorce du tournant, j’ose jeter un dernier regard sur la situation. J’aime nos 100 mètres qui nous séparent, mais absolument pas le regard interrogateur du propriétaire ?
Bon ? y va pouvoir pisser tranquille mon chien ? Je vais pourvoir me reposer les bras et lâcher mon chien ?
Pas de doute, il va le lâcher ce con, Putain j’y crois pas !!! Et le molosse semble me dire "si je te chope, je te croque "
Cette fois, faut fuir, Domi.
J’amorce alors ce qui restera le sprint de l’année 2012, et même peut-être de ma vie.
Les pulsations au taquet, j’essaye d’aller le plus vite et le plus loin possible pour échapper à la morsure, que dis-je à la boucherie.
J’ai de l’amour propre, si je dois me faire bouffer le cul, j’aimerai que ce soit à la lumière.
Cours Domi. Encore quelques mètres et je dévalerai à droite les escaliers de l’aqueduc. L’issue est au bout.
Rester concentré, ne pas chuter, relancer la machine, cours encore Domi. J’ose pas me retourner. Comme dans les poursuites des films américains, je jure, je tape sur volant, je hurle sur le compteur qui semble figé.
Accélère bordel !!!
Au loin, les premiers belvédères. Putain, que j’aime cette pollution lumineuse.
Je déboule enfin sur la chaussée. Le chien ne m’a pas suivi. Je me casse en deux le souffle coupé. Les mains sur les genoux, j’essaye de reprendre une activité cardiaque normale. Respirez, soufflez, Connard de Chien, de maître, de société.
J’ai mal partout, les jambes qui flageolent. Il me faudra au moins 10 minutes pour reprendre mes esprits .
Sur le facebook des animaux, je suis sûr que le molosse va frimer. J’imagine déjà son statut : « Et les gars, vous auriez vu comment j’ai fait flipper un humain, … A l’heure qu’il est, je suis sûr qu’il court encore. »
Une fois le calme revenu, j’ai repris ma route longue et paisible.
Je vous souhaite une bonne et heureuse année 2013, qu’elle vous apporte le bonheur et la réussite, le succès dans vos projets et l’accomplissement de vos rêves. Meilleurs vœux de santé pour vous et vos proches et souvenez-vous que la vie n’est pas une longue balade tranquille, il y a parfois un con avec un chien.
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