Les terrils : une course à part.
L’un des inconvénients, lorsque l’on tarde à écrire un récit d’une course où d’autres l’ont déjà publié, est d’essayer d’apporter un autre regard, un fait nouveau, une intrigue peut-être, qui captera l’attention du lecteur jusqu’à la dernière ligne de son récit.
Pas facile aujourd’hui, de commencer alors que tout a été déjà raconté, montré et visionné avec talent.
D’ailleurs, est-il vraiment nécessaire que j’apporte ma contribution ? Je n’en sais rien ?
Mais cette course me tient à cœur, sûrement parce que je l’avais prise en pleine gueule il y a déjà 5 ans. J’y avais découvert que l’on pouvait courir autrement, et je m’étais promis d’y revenir, et de tenter de la faire partager.
Parcourir ces terrils chargés d’histoire, et trop souvent empreints de peine et de douleur ne se raconte pas. Non, il faut y venir et les gravir, pour mieux comprendre que si aujourd’hui, on s’y amuse, on y court, on y rit, le passé est toujours bien présent et que ces gueules noires ont marqué l’histoire de toute une région et forgé des caractères.
Samedi soir, j’ai cru entendre de la voix du speaker, que l’allée des mineurs ne serait pas animée cette année. Ils ne sont plus et les pierres resteront donc silencieuses.
C’est dommage, ce passage était si beau, si fort, si émouvant…si vivant le temps d’une course.
Me voilà, aujourd’hui, les idées confuses, partagé entre le passé et le présent, entre le sombre et la lumière, et ne sachant pas trop vous raconter ce que vous savez déjà.
Alors si Alain me le permet, je vais à la manière de son beau récit sur l’UTMB, tenter de vous livrer quelques instantanés et vous laisser imaginer le reste.
Je commencerai certainement par cette longue route forestière, étroite, interminable, coincée entre deux bas côtés profonds, et semblant ne mener nulle part …
Et puis j’enchaînerai par ces retrouvailles avec notre ch’ti grincheux. Dix mois qu’il y pense, qu’il se démène pour nous offrir le meilleur.
Que dire alors de cette accolade ? de cette bise ? Peu de mot, tout passe dans le regard l’espace d’une seconde. Je sais de quoi je parle, je suis picard, le voisin. Et dans le nord de la France (contrairement au sud), les hommes ne s’embrassent pas. On se sert la main, une poignée de mains forte et généreuse.
Mais aujourd’hui c’est la famille qui se retrouve, Stéphane, Philippe, et moi sommes heureux de cet instant.
C’est ensuite Marion l’espiègle qui nous accueille à son tour avec son sourire malicieux. Elle connaît tout de nous, qui se cache derrière les pseudos, et n’hésite pas à nous taquiner.
Le gîte prend vie au gré des arrivées, les chambres se partagent, se squattent, l’ambiance est au chahut, la colonie de vacances a débarqué.
C’est déjà l’heure de la course des allumés. Une multitude de coureurs casqués, bruyants, illuminés, parés de sourires, les yeux pétillants se préparent.
Près de moi, Baptiste s’émerveille devant le bâton blanc qui vient de s’éclairer.
Les flashs des appareils photo crépitent et immortalisent ces instants de liesse.
Les feux d’artifices illuminent la nuit, les pétards éclatent, la musique résonne parfois couvert par le bruit sourd de la mine.
Le ruban de frontales défile, s’accroche à la pente pour mieux la dévaler. Il serpente de bas en haut, puis à droite, à gauche, ici, là-bas, le spectacle est partout.
Un peu plus tard, Maxime bouclera sa première course de nuit aux rythmes des encouragements de la bande et avec beaucoup de volonté.
Puis, la pompe à bière devient notre point de ralliement
Plus tard dans la soirée, Vincent l’animateur de jeu avec son flegme et son humour, divertira la galerie sous le regard amusé de Jihem qui se demande qui sont ces fous qui l’entourent ?
Philippe savoure chaque instant, Isabelle et Françoise veillent au confort des convives
Quelques pas de danse, une nuit brève et déjà un réveil hilarant du Bagnard
Sandrine, Marion et Françoise crient maintenant à tue tête leur encouragements sur le parcours de la sauvage
Que dire de ces paysages lunaires à mi-parcours, des dunes d’espoir qui s’élancent au pied de l’imposant 3ème terril …
Que dire encore de ces chemins empruntés si différents, tantôt rouges, parfois sombres, pavés, ...
Voilà, Cédric qui a attendu le 15ème kilomètre pour se bouger enfin le cul sur une course, pendant que notre néo-triathlète assure.
Je rejoins Pégase au galop fatigué, sur cette fin de parcours. Nous allons partager une arrivée triomphale sous les acclamations des kikoureurs
L’effervescence est retombée.
L’arrivée est plus calme
Un dernier tour d’horizon, pour s’imprégner du soleil, de cette lumière et de tous ces visages heureux et fatigués.
Merci à tous
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