La tour, prends garde !!!
Quand on pose ses valises à Banyuls sur mer ou dans ses environs, il faut se rendre à l’évidence, elle en impose.
Sa présence devient presque obsédante tant elle nous domine, nous épie, rien ne lui échappe.
Située à 656 mètres d’altitude sur un éperon rocheux, la tour de la Madeloc veillait sur la mer et communiquait avec ses voisines par un système de feux.
Le jour, un feu de paille mouillée émettant beaucoup de fumée et la nuit un grand feu de bois sec permettait la communication entre tours.
Cette tour fut construite en 1285 sous Jacques II, roi de Majorque (dont les quartiers d’été se trouvaient à Collioure) et comte du Roussillon, qui veut se protéger du roi de France au nord et de son frère le roi Pierre III d’Aragon au sud.
Bien plus tard, au XVIIe siècle, Vauban y apporta quelques modifications.
Du haut de cette position stratégique, on imagine sans peine une vue imprenable sur la côte sableuse, la côte Vermeille, les contreforts des Pyrénées, ou encore sur les multitudes parcelles de vignes accrochées à la pente et inondées de soleil.
Matin, midi et soir, elle ne cesse de nous narguer.
Nous l’observons depuis notre terrasse.
C’est décidé, demain, nous serons là-haut.
La tour, prends garde !!!
De bon matin, sous un ciel légèrement voilé, notre balade commence véritablement au pied du panneau indiquant le sentier d’Émilie.
Il se situe en contre bas de la chapelle notre dame de Salette.
Nous quittons donc les dernières rues goudronnées de Banyuls encore somnolente pour affronter une première pente rude et rocailleuse.
Fidèles à nos habitudes, nous ne nous sommes pas fixés de distance ni de durée.
Nous allons progresser aux rythmes de nos envies, et, s’il le faut, bouleverser l’itinéraire selon notre humeur ou le temps.
Bref, improviser et nous régaler des paysages et peut-être profiter de rencontres fortuites.
La Chapelle notre dame de Salette est notre première étape.
C’est une petite construction blanche assise à 200 mètres d’altitude qui domine la baie de Banyuls.
Il semblerait qu’elle fût édifiée par Paul Reig en 1863, suite à un vœux fait à Notre Dame de la Salette, dans l’Isère.
Le marquage du sentier nous a échappé quelque peu, et après un temps de jardinage à la recherche de la bonne trace, l’arrivée par les vignes n’en est que plus belle.
Le col des gascons est notre prochaine étape.
Accessible en voiture pour les moins hardis, il s’élève à 387 mètres d’altitude.
Le chemin longe une crête et nous permet d’admirer l’étalage de parcelles de vignes de part et autre des versants.
On y mesure mieux encore la rudesse du travail du vigneron catalan.
Alors que nous peinons dans un nouveau raidillon, un viticulteur, sous une chaleur devenue accablante, taille avec passion sa vigne.
Seule sa cisaille vient troubler le silence qui nous entoure.
Un peu plus loin, plutôt que d’affronter la pente qui mène à la batterie 500, puis à la tour de Madeloc, nous décidons d’emprunter l’ancien parcours des boucles Banyulencques.
Nous contournons ainsi l’éperon rocheux, en franchissant les cols de Formigo (+517), de Baillaury (+438) puis de Taillefer (+465). Les paysages sont magnifiques et certaines traces invitent presque aux azimuts « droits dans la pente ». Sandrine n’est pas enthousiaste à cette idée.
Au passage des cols, la Tramontane nous rappelle son souffle et nous apporte un peu de fraîcheur.
La tour approche, et nous découvrons un panorama exceptionnel sur la côte.
Nous dominons Argelès-sur-Mer , Collioure, Port-Vendre et son premier port Français en eaux profondes, les Paulilles puis Banyuls sur mer.
Nous sommes récompensés de ces efforts et méritons bien une mini pause déjeuner devant ce spectacle.
Il est temps de regagner le littoral où une baignade serait la bienvenue.
Nous empruntons dès lors le GR 10 qui traverse les Pyrénées de l’Océan à la Méditerranée.
Nous optons pour suivre le tracé originel plutôt que la route qui le longe.
Au détour d’un énième virage, cachée par la végétation, nous découvrons La fontaine Falgueras.
C’est l’occasion d’une nouvelle pause rafraîchissante et de discuter avec d’autres groupes de randonneurs.
Tous ont apprécié cette randonnée et se dirigent eux aussi, vers Banyuls sur Mer.
Après 5 heures de marche, une vingtaine de kilomètres et plus de 800 mètres de dénivelé, nous voilà de retour dans notre résidence de vacances.
La tour, prends garde, aujourd’hui nous t’avons vaincu, et bien d’autres viendront bientôt aussi, profiter de tes trésors.
PS
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